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William Massey : “voyage en œuvres autour de ma chambre”

Responsable de la collection agnès b. depuis 2018, William Massey a placé l’échange avec les artistes et la diffusion de leur message à tous les publics au cœur de ses expériences professionnelles. De la Serpentine Gallery (Londres) à la Galerie Thaddaeus Ropac (Paris), en passant par le Centre Pompidou, L’Officiel Art dont il a été rédacteur en chef ou encore le magazine Point d’ironie, qu’il pilote et dont chaque numéro propose une carte blanche à un artiste. Il évoque ici l’exposition singulière qu’il a conçue dans son appartement parisien, à découvrir sur rendez-vous.

Mika Rottenberg, PonytailGirl Matchbox, 2011. Boîte d’allumettes peinte à la main (technique mixte). Caillou provenant du Parc national de Fulufjället, Suède. Souvenir de Vincent Laval. Diego Velázquez, La fragua de Vulcano, 1630. Madrid, Musée national du Prado. Carte postale. Marta Budkiewicz, Attestation, 2020. Edition 1/5. Broderie sur canevas. 21x29,7 cm. “Retour de Flamme” - Photo Lola Perez-Guettier.


YAMINA BENAÏ : Qu’est-ce qui vous a incité à dérouler dans votre propre intérieur le modèle d’exposition en appartement ?


WILLIAM MASSEY : Le mardi 17 mars 2020, pour de nombreux Parisiens de ma génération, le deux-pièces devenait le mètre étalon d’une vie suspendue, au périmètre furieusement réduit. Tandis que chaque porte d’entrée se transformait brusquement en nouvelle frontière, comment faire autrement que de voyager autour de sa chambre ? Durant la période qui s’en est suivie, de nombreux souvenirs d’images, moments personnels vécus mais aussi œuvres d’artistes qui m’habitaient inconsciemment, ont affleuré à la surface de mes pensées. Associées aux travaux d’artistes que je pouvais alors contempler sur les écrans, ces images se sont mues en autant de fenêtres sur des univers fantasmés, tantôt tumultueux, tantôt apaisants, tissant la trame d’un récit personnel ardent du moment présent. Avec à cœur de partager ce qui m’avait alors ému, bouleversé, consolé, j’ai voulu donner corps à ce récit sous la forme d’une exposition dans l’intérieur même qui l’avait provoquée.

Dimitri Milbrun, Duel of the Fates, 2019. Peinture à l’huile, pastel à l’huile et feuille d’or sur journal. 26x20 cm. Sabrina Fidalgo, Alfazema, 2019, 24mn. "Retour de Flamme” - Photo Lola Perez-Guettier.


Quels précédents en la matière ont particulièrement retenu votre attention ?


La découverte de la Frick Collection à New York a constitué l’une de mes toutes premières épiphanies artistiques. Du haut de mes 12 ans, j’avais été saisi par la richesse et la splendeur de cette collection logée dans l’hôtel particulier de Henry Clay Frick. Bien que la demeure de cet industriel fortuné du début du XXe siècle n’ait été habitée que peu de temps par son propriétaire, il reste qu’elle a été conçue pour occuper une fonction de résidence avant de devenir musée, et qu’il y subsiste une atmosphère incomparable, dénotant le caractère du maître des lieux. C’est bien lui qui osa réunir dans la même pièce, de part et d’autre d’une cheminée, Sir Thomas More et Thomas Cromwell, ennemis mortels mais tous deux sublimement peints par Hans Holbein le Jeune au XVI e siècle. De la maison de Pierre Loti à Rochefort à la demeure de Sir John Soane à Londres, j’ai toujours trouvé que l’espace domestique – aussi fastueux soit-il – était à même de changer la réception des œuvres par le regardeur. Dans le salon new-yorkais de Henry Clay Frick, la manche en velours rouge de Thomas More n’en est que plus palpable et son regard que plus saisissant.

Au début des années 1990, l’exposition que Hans Ulrich Obrist réalisa dans sa cuisine naissait de son génie pionnier et des contraintes matérielles de l’étudiant qu’il était alors. Ce faisant, il opérait un basculement d’échelle et “inventait” pour ainsi dire le format de l’exposition en appartement, dépassant le classique cabinet de curiosités ou d’œuvres collectées et invitant des artistes à investir le seul et modeste espace disponible dont il disposait. Sa démarche, aujourd’hui parfaitement identifiée comme “curatoriale”, prenait le contrepied du gigantisme auquel commençaient à se laisser aller les musées dans les années 1980, et faisait preuve d’une audace fantastique… la liste d’artistes fait rêver : Christian Boltanski, Frédéric Bruly Bouabré, Hans-Peter Feldmann, Roman Signer, Richard Wentworth, et Peter Fischli/David Weiss. Le dernier jour du stage que j’effectuais à la Serpentine Gallery en 2010, le désormais illustre HUO griffonna sur un coin de bloc-notes une liste de conseils que je n’ai jamais oubliés. Sur la page constellée de bullet points, on pouvait lire : “curate what u love, be curious, be friends with artists, be generous”…

“Si le feu devait être couvert, l’énergie contenue ne pouvait en être que plus concentrée, prête à ressurgir décuplée. Car c’est bien cela un retour de flamme : le contrecoup d’une action dirigée contre quelqu’un et qui se retourne contre son auteur mais aussi dans un sens plus figuré un regain d’activité.” WM

Quels ont été les points d’accroche de votre réflexion pour mettre en œuvre ce projet ?


Dès les prémices du projet, le risque inhérent à la monstration d’œuvres dans l’espace domestique m’a paru être celui d’un accrochage décoratif dénué de véritable propos. Pour faire exposition, il m’a donc semblé primordial de mettre en images une narration riche et que les œuvres puissent entrer en résonance ou en tension, telles les strophes d’un poème. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, semblable à l’écriture d’un texte, la liste des œuvres exposées s’est construite en écho ou en réaction à celles déjà choisies.

Par ailleurs, si exposer dans un petit appartement sous les toits de Paris revêt des contraintes, cela crée surtout des espaces nouveaux, de nouvelles perspectives et de multiples possibilités de détournement. Chaque interstice, chaque objet du quotidien peut être investi d’une nouvelle fonction, à l’image de mon four qui est devenu ni plus ni moins que le théâtre de la naissance d’une Vénus martienne imaginée in situ par Lola Perez-Guettier !

Volonté de créer des surprises et faire montre d’humour étaient deux points d’accroche importants pour moi dans la réalisation de ce projet que j’ai baptisé “Retour de flamme”, un soir d’énièmes annonces gouvernementales. Il s’agissait de faire un pied de nez au couvre-feu et de me projeter dans le temps de l’après. Si le feu devait être couvert, l’énergie contenue ne pouvait en être que plus concentrée, prête à ressurgir décuplée. Car c’est bien cela un retour de flamme : le contrecoup d’une action dirigée contre quelqu’un et qui se retourne contre son auteur mais aussi dans un sens plus figuré un regain d’activité. Et puis la flamme, c’est aussi la passion sentimentale et charnelle…


“Retour de Flamme” - Photo Lola Perez-Guettier.


Comment avez-vous opéré la sélection des 17 artistes ?


A l’exception de quelques pièces ou souvenirs que je possédais déjà, j’ai réuni l’ensemble des travaux en 2020 et 2021. Dès les premières semaines de la pandémie, plusieurs initiatives ont été menées pour soutenir les artistes. C’est ainsi que j’ai découvert le jeune artiste Giulio Malinverni sur la plateforme Got It For Cheap. J’ai tout de suite aimé son travail inspiré par la Renaissance italienne mais infusé d’une vision et d’une ironie toutes contemporaines. L’œuvre qu’il venait de réaliser, Zona Rossa (zone rouge,) représentait la déferlante de la pandémie sur l’Italie du Nord où il se trouvait alors. Peut-être était-ce une façon de transformer un pénible souvenir en une trace plus belle…

C’est également pour cela que l’attestation brodée de Marta Budkiewicz (acquise en soutien à l’atelier d’artistes Le Houloc) est pour moi une œuvre importante. La vision de ce document, par nature absurde, réveille tout d’abord une douleur fantôme, mais l’objet brodé touche encore davantage par la délicatesse et l’intimité du geste de l’artiste.

C’est dans la même démarche de soutien que les photographies de Vincent Laval, Thomas Hoepker et Jack Davison se sont agrégées à la liste des œuvres. D’autres œuvres sont des découvertes faites sur Instagram. Tels les lumineux paysages nocturnes d’Ariele Bacchetti, ou encore la pièce Couvre-feu de Thibaut Ren, postée sur son compte en octobre 2020 et qui m’avait alors saisi par sa dérangeante actualité, comme si on venait de dire à ce personnage en grès “Haut les mains !”. Certaines pièces sont également le reflet de passions personnelles pour des endroits qui me sont chers, notamment les Îles Éoliennes, Rio et Tanger. Ainsi, j’ai chiné sur Ebay les deux gravures représentant l’éruption du Stromboli. Les films de la talentueuse Sabrina Fidalgo, Rainha ainsi que Alfazema (que j’ai co-produit à une petite échelle), révèlent un Brésil adoré dans toute sa flamboyance et ses contradictions. Enfin, je me trouvais à Tanger en mars 2020 lorsque mes amis Emma Charrin et Olivier Muller ont réalisé la photographie de la grande flamme qui embrase désormais ma chambre à coucher. Je me souviendrai toujours du moment où ils sont revenus survoltés de leur dérive quotidienne aux abords de Tanger avec cette fascinante image.

Last but not least, j’ai sorti des cartons quelques souvenirs amusants tels que la boîte d’allumettes de Mika Rottenberg, un surprenant cadeau de Noël de la galerie Thaddaeus Ropac, où j’ai travaillé quelque temps.


Dimitri Milbrun, Duel of the Fates, 2019. Peinture à l’huile, pastel à l’huile et feuille d’or sur journal. 26x20 cm. Sabrina Fidalgo, Rainha, 2016, 30 mn. Thomas Hoepker, Young people relax during their lunch break along the East River while a huge plume of smoke rises from Lower Manhattan after the attack on the World Trade Center. Brooklyn, New York, USA. September 11, 2001., tirage de 2020. Digital C-Print sur papier Fuji Crystal Archive Matte. 14x9 cm. “Retour de Flamme” - Photo Lola Perez-Guettier.


En termes d’accrochage, quelles lignes directives ont prédominé dans vos choix ?


Pour donner corps à l’exposition, je souhaitais tisser une narration rythmée en créant un crescendo général, d’un état de somnolence primitif jusqu’à l’acmé d’un feu quasi-purificateur, émaillé de moments de tensions et de ruptures…


Premier nuage.

Tout commence dans un moment de torpeur. Sous le pastel de Simon Martin, un beau garçon dort. Comme plongé entre deux mondes, son sommeil semble peuplé de songes : peut-être déambule-t-il dans les sombres forêts peuplées d’êtres fantastiques d’Ariele Bacchetti… ou bien cherche-t-il son chemin sur les traces de Vincent Laval, aux confins de la Suède et de la Norvège, à portée de regard du plus vieil arbre du monde… Soudain, des forces telluriques se réveillent. Dans sa forge, la colère de Vulcain gronde et, incandescent, le Stromboli crache, avec panache. Nuée ardente. On retrouve le jeune homme torse nu, dont la tête paraît s’embraser dans le geste surréaliste de Logan T. Sibrel. Rien ne va plus : confiné dans la boîte d’allumettes de Mika Rottenberg, une rouquine à couettes trépigne frénétiquement, tandis que derrière les fenêtres, les paysages de Giulio Malinverni rougeoient. Puis l’allumette se consume, jusqu’au bout… Croix calcinée sous l’objectif de Jack Davison.


De gauche à droite et de haut en bas : Logan T. Sibrel, Hothead Variation, 2021. Graphite sur papier. 35x42 cm. Ausbruch des Stromboli, 1912. D’après une aquarelle de M. Eiffler. Page tirée d'une publication. 19x27 cm. Le cratère du Stromboli, d'après l'atlas de l'ouvrage de M. de Bylandt (Théorie des Volcans), 1874. Page tirée d'une publication. 11x11 cm. Vincent Laval, Chemin tracé, 2020. Tirage argentique sur papier baryté. 30x40 cm.

Ariele Bacchetti, Spada laser, 2020. Huile et acrylique sur panneau de bois. 23x34 cm. Simon Martin, Sabrine, étude, 2020. Pastel sec sur papier. 19x24 cm. Ariele Bacchetti, Paesaggio con Kurt Cobain che da indicazioni stradali, 2020. Huile et acrylique sur panneau.

Mika Rottenberg, PonytailGirl Matchbox, 2011. Boîte d’allumettes peinte à la main (technique mixte). 7,5x12,5x4 cm. Création pour le 2011 Guggenheim International Gala. Caillou provenant du Parc national de Fulufjället, Suède. Souvenir de Vincent Laval. Diego Velázquez, La fragua de Vulcano, 1630. Madrid, Musée national du Prado. Carte postale. Marta Budkiewicz, Attestation, 2020. Edition 1/5. Broderie sur canevas. 21x29,7 cm. Jack Davison, Untitled, 2017. Impression giclée sur papier Canson Baryta 310g. 15x20 cm. Giulio Malinverni, Zona Rossa, 2020 et Ignoti brillamenti, 2020. Tempera et peinture à l’huile sur papier. 31x23 cm chaque. “Retour de Flamme” - Photos Lola Perez-Guettier.


L’affaire prend un tournant politique. Comme un boomerang, la société américaine encaisse le premier attentat sur son sol national sous l’objectif de Thomas Hoepker. Drôle de déjeuner sur l’herbe. Retour de flamme et de bâton quand l’insurrection raciale s’en mêle. Dimitri Milbrun monte sur le ring. Autre contrée tout feu tout flamme, le Brésil est mis à nu par Sabrina Fidalgo dans la catharsis collective du carnaval de Rio, entre règlements de compte et libération des corps.

Chaleur tournante.

Lola Perez-Guettier a élu domicile dans le four. Sur la quatrième planète après le soleil, le mont Olympus, plus grand volcan de la galaxie, entre en éruption. Mars, et ça repart…

In the closet.

Ahuri, ébahi, comme tout juste sorti du four, un personnage en céramique de Thibaut Ren s’offre comme un miroir à notre propre stupéfaction. “Que voulez-vous nous étions enfermés” ou le vertigineux écho des mots de Paul Eluard qui nous rappelle un autre couvre-feu…

Chambre photographique.

Brasier orgasmique qui avale tout, un poing brandi vers le ciel, la flamme qu’Emma Charrin et Olivier Muller ont rencontrée dans la banlieue de Tanger signe la fin de la dérive.

“Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire” (La Boétie).



Emma Charrin et Olivier Muller, Baltellala #06, 2019-2020. Edition 1/6 + 2EP. Tirage fine art sur Canson Rag photographique 320g. 110x138 cm. Le duo est lauréat du Grand Prix du jury de la Photographie du 36e festival international de mode, de photographie, et d'accessoires de mode - Hyères 2021. Thibaut Ren, Couvre-feu, 2020. Grès de Treigny. Dessin du visage aux crayons à oxydes. Émail transparent. Re-cuisson avec ajout d’émaux et d’oxydes. Cuisson électrique. 36x35x15 cm.

Couvre-feu, 1942, Paul Éluard. Fac-similé d’un manuscrit du poète. “Retour de Flamme” - Photo Lola Perez-Guettier.


Vous citez volontiers comme matrice-reflet de votre exposition un livre dont la lecture à sa parution en 2020, vous a, dites-vous, “beaucoup impressionné” : Les Corps insurgés, de Boris Bergmann. Qu’y avez-vous trouvé ?


Dans ce roman, on découvre trois personnages dont les histoires et les corps s’entremêlent à trois époques différentes : Lorenzo, peintre italien du XVIIe siècle, Baptiste, lycéen bourgeois au printemps 68, et Tahar, réfugié marocain dans la France d’aujourd’hui. Leur point commun : chacun est habité par un fiévreux désir de vivre et d’atteindre un idéal qu’il soit esthétique, politique ou social. Sous la plume de Boris Bergmann, le feu de leurs passions fait frissonner.

Ce sont trois personnages que j’imagine pouvoir vivre dans les œuvres ici exposées. Lorenzo pourrait déambuler dans les paysages nocturnes d’Ariele Bacchetti ou dans la profondeur des œuvres de Giulio Malinverni. Baptiste pourrait s’insurger et vouloir renverser le monde avec Dimitri Milbrun ou Sabrina Fidalgo. Enfin, sur la route de son exil, Tahar pourrait avoir croisé le brasier tangérois capturé par Emma Charrin et Olivier Muller.

Autant de correspondances qui s’inscrivent pour moi en filigrane de l’exposition tant la découverte de ces jeunesses rebelles m’a remué dans le contexte contraint de l’année écoulée.


“Collectionner c’est un peu comme dire à une œuvre : ‘viens je t’embarque, je vais te protéger et ta beauté pourra me consoler’.” WM

En votre qualité de Responsable de la Collection agnès b., vous naviguez parmi les plus de 5 000 œuvres qui la composent, quelle est votre position personnelle quant à l’acte de collectionner ?


Collectionner est pour moi une marque d’admiration, d’affection, voire d’amour pour une œuvre d’art et un témoignage de soutien à l’égard de l’artiste. Il est difficile à mes yeux d’envisager la chose différemment, ayant l’opportunité de m’occuper d’une collection aussi personnelle et aussi incarnée que l’est celle d’agnès b.

Peut-être est-ce également une façon de retenir le temps… lorsque l’on est bouleversé par une œuvre, n’a-t-on pas toujours envie de ressentir ce qu’elle a provoqué la première fois qu’on l’a vue ?

Les œuvres sont un peu comme des personnes que j’aime et que je réunis pour qu’elles vivent ensemble. Collectionner c’est un peu comme dire à une œuvre : “viens je t’embarque, je vais te protéger et ta beauté pourra me consoler”.


“Le monde de l’art fait vivre de nombreux acteurs dont beaucoup n’ont, malheureusement, pas tellement intérêt à une décélération du système établi.” WM

La pandémie a mené à une forme d’introspection personnelle et de questionnement collectif sur les excès du monde de l’art liés, notamment, à une forme d’hyperactivité, de vitesse de déroulement (foires, salons, besoin ou nécessité de “consommer” un nombre pléthorique d’expositions en galeries, musées…). Que reste-t-il, selon vous, de ces prises de position ? Avez-vous, à titre personnel, modulé votre point de vue sur le rythme de vie et de réflexion ?


Bien que par nature l’art soit à-même d’avoir une longueur d’avance concernant de nombreux sujets sociétaux et de se remettre en question à de nombreux égards, je pense que les changements concernant son modèle économique prendront du temps. Le monde de l’art fait vivre de nombreux acteurs dont beaucoup n’ont, malheureusement, pas tellement intérêt à une décélération du système établi.

Certes, on peut se réjouir de la prise de conscience collective de ces dérives et des mouvements de décentralisation actuels, mais force est de constater que la pandémie n’a fait que retarder les grandes forces à l’œuvre. L’ouverture de méga-institutions attendues depuis des années révèle que des ADN supposés si différents génèrent des expériences qui, bien que de grande qualité, sont similaires pour le visiteur : sobriété d’un white cube dans une architecture spectaculaire, expositions tirées au cordeau, mêmes artistes (parfois jusqu’à la même œuvre), propos politique dosé et maîtrisé. Question diversité, peut mieux faire.

Pour ma part, les moments contraints semblent paradoxalement avoir ouvert le champ des possibles. Cultiver mon jardin dans mes Pyrénées natales ou faire une exposition dans mon pigeonnier parisien, je n’y aurais pas forcément pensé avant !


“Retour de flamme”, exposition en appartement jusqu’au 30 novembre 2021. Paris 20e.

Prise de rendez-vous auprès de William Massey william.d.massey@gmail.com – @willdmassey



Retour de Flamme” - Photos Lola Perez-Guettier. Sur le réfrigérateur : affiche de l’exposition “Retour de flamme” reprenant l’œuvre de Jacopo Pagin, La Fabbrica, 2019. Crayon sur papier. 21x29,7 cm. Conception de l’affiche : Anne Fuchs. Dans le four : Lola Perez-Guettier, Mons Olympus, 2021. Photographie composite, impression jet d’encre pigmentaire. Dimensions variables. Réalisation in situ pour l’exposition. De gauche à droite et de haut en bas : T. Sibrel, Hothead Variation, 2021. Graphite sur papier. 35x42 cm. Ausbruch des Stromboli, 1912. D’après une aquarelle de M. Eiffler. Page tirée d'une publication. 19x27 cm. Le cratère du Stromboli, d'après l'atlas de l'ouvrage de M. de Bylandt (Théorie des Volcans), 1874. Page tirée d'une publication. 11x11 cm. Vincent Laval, Chemin tracé, 2020. Tirage argentique sur papier baryté. 30x40 cm. Ariele Bacchetti, Spada laser, 2020. Huile et acrylique sur panneau de bois. 23x34 cm. Simon Martin, Sabrine, étude, 2020. Pastel sec sur papier. 19x24 cm. Ariele Bacchetti, Paesaggio con Kurt Cobain che da indicazioni stradali, 2020. Huile et acrylique sur panneau de bois. 34x23 cm. Vincent Laval, Du haut de Njupeskär, Suède, 2020. Tirage argentique sur papier baryté. 40x30 cm. Jack Davison, Untitled, 2017. Impression giclée sur papier Canson Baryta 310g. 15x20 cm. Giulio Malinverni, Zona Rossa, 2020 et Ignoti brillamenti, 2020. Tempera et peinture à l’huile sur papier. 31x23 cm chaque. Mika Rottenberg, PonytailGirl Matchbox, 2011. Boîte d’allumettes peinte à la main (technique mixte). 7,5x12,5x4 cm. Création pour le 2011 Guggenheim International Gala. Caillou provenant du Parc national de Fulufjället, Suède. Souvenir de Vincent Laval. Diego Velázquez, La fragua de Vulcano, 1630. Madrid, Musée national du Prado. Carte postale. Marta Budkiewicz, Attestation, 2020. Edition 1/5. Broderie sur canevas. 21x29,7 cm. Marta Budkiewicz, Attestation, 2020. Edition 1/5. Broderie sur canevas. 21x29,7 cm. Mika Rottenberg, PonytailGirl Matchbox, 2011. Boîte d’allumettes peinte à la main (technique mixte). 7,5x12,5x4 cm. Création pour le 2011 Guggenheim International Gala. Thomas Hoepker, Young people relax during their lunch break along the East River while a huge plume of smoke rises from Lower Manhattan after the attack on the World Trade Center. Brooklyn, New York, USA. September 11, 2001., tirage de 2020. Digital C-Print sur papier Fuji Crystal Archive Matte. 14x9 cm. Dimitri Milbrun, Duel of the Fates, 2019. Peinture à l’huile, pastel à l’huile et feuille d’or sur journal. 26x20 cm. Sabrina Fidalgo, Rainha, 2016, 30mn. Thomas Hoepker, Young people relax during their lunch break along the East River while a huge plume of smoke rises from Lower Manhattan after the attack on the World Trade Center. Brooklyn, New York, USA. September 11, 2001., tirage de 2020. Digital C-Print sur papier Fuji Crystal Archive Matte. 14x9 cm. Dimitri Milbrun, Duel of the Fates, 2019. Peinture à l’huile, pastel à l’huile et feuille d’or sur journal. 26x20 cm. Sabrina Fidalgo, Alfazema, 2019, 24mn. Dimitri Milbrun, Duel of the Fates, 2019. Peinture à l’huile, pastel à l’huile et feuille d’or sur journal. 26x20 cm. Lola Perez-Guettier, Mons Olympus, 2021. Photographie composite, impression jet d’encre pigmentaire. Dimensions variables. Réalisation in situ spécialement pour l’exposition. Intérieur du réfrigérateur : intervention surprise de Lola Perez-Guettier.

Vue de l’appartement. Vue de la salle de bains. Carton d’invitation pour une exposition de Rick Owens à la Carpenters Workshop Gallery en 2013. Détail de Thibaut Ren, Couvre-feu, 2020. Grès de Treigny. Dessin du visage aux crayons à oxydes. Émail transparent. Re-cuisson avec ajout d’émaux et d’oxydes. Cuisson électrique. 36x35x15 cm. Thibaut Ren, Couvre-feu, 2020. Grès de Treigny. Dessin du visage aux crayons à oxydes. Émail transparent. Re-cuisson avec ajout d’émaux et d’oxydes. Cuisson électrique. 36x35x15 cm. Thibaut Ren, Couvre-feu, 2020. Grès de Treigny. Dessin du visage aux crayons à oxydes. Émail transparent. Re-cuisson avec ajout d’émaux et d’oxydes. Cuisson électrique. 36x35x15 cm. Couvre-feu, 1942, Paul Éluard. Fac-similé d’un manuscrit du poète. Emma Charrin et Olivier Muller, Baltellala #06, 2019-2020. Edition 1/6 + 2EP. Tirage fine art sur Canson Rag photographique 320g. 110x138 cm. Jonathan Brown, Safety, 2016. Collage. 21x29,7 cm.

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